Article de blog par David Moser

Comment la numérisation de la production peut-elle faire une différence positive mesurable ?

Pour certaines entreprises de production, la numérisation représente un grand bond en avant, alors que pour d'autres, l'impact est plutôt limité. A quoi cela est-il dû et comment éviter les déceptions après la numérisation des processus d'exploitation ?

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Il existe d’énormes différences entre les entreprises en ce qui concerne l’impact de la numérisation : Pour certaines, elle peut entraîner des progrès considérables, tandis que d’autres ne voient guère de différence.

Récemment, nous avons assisté à une présentation d’une entreprise qui expliquait comment elle avait mis en place un « jumeau numérique » de sa production et savait désormais exactement ce qui se passait. Lorsqu’un auditeur leur a demandé en quoi cela les avait aidés, ils ont admis qu’aucun résultat tangible n’avait encore été obtenu. Cela prouve que la numérisation en soi ne suffit généralement pas. C’est plutôt la méthode de numérisation qui fait vraiment la différence.

Garder un œil sur les coûts – keep it simple !

La numérisation n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Cela semble logique, et pourtant nous l’oublions souvent. La meilleure solution à un problème n’est pas toujours la solution la plus sophistiquée que l’on puisse imaginer, mais la solution la plus simple qui résout le problème. Ou comme le disait Einstein : « Tout devrait être rendu aussi simple que possible, mais pas plus simple ».

Les solutions simples ne sont pas seulement moins chères, elles sont aussi généralement plus faciles à mettre en œuvre et à adapter à l’évolution des besoins. Pour améliorer les réunions de travail, nous recommandons souvent d’organiser des « réunions de démarrage » ou des réunions d’atelier sur un tableau blanc. Sur le tableau blanc, le statut et les accords peuvent être représentés à l’aide de moyens simples (par exemple, des aimants de couleur, des post-it). On demande souvent si un écran d’ordinateur ne serait pas plus approprié « à notre époque ». Les écrans d’ordinateur ne sont toutefois pas la solution la plus simple dans ce cas et constituent généralement un excès. Ils compliquent le processus de la réunion de travail plutôt qu’ils ne le simplifient.

Quels sont vos objectifs en matière de numérisation ? Ne vous contentez pas de lutter contre les symptômes !

Un plan de numérisation ne peut avoir d’impact que si l’on commence par de bons objectifs, qui ne peuvent pas être atteints sans numérisation. De bons objectifs de numérisation ont également un impact significatif et tangible sur les résultats de l’entreprise. Malheureusement, les plans de numérisation manquent souvent d’arguments forts et solides et ont tendance à recourir à des phrases creuses telles que

  • « Nous voulons pouvoir voir à tout moment où se trouve chaque commande ».
  • « Nous voulons avoir une meilleure idée de l’efficacité de nos installations ».

 

Ces deux arguments visent à collecter des informations plus efficacement, mais ne disent pas exactement pourquoi cela améliorerait réellement les résultats de l’entreprise. De meilleures informations peuvent renforcer « l’illusion de maîtrise » de la direction, mais ne conduisent pas nécessairement à un impact perceptible et significatif. Assurez-vous donc d’être critique et de vous demander pourquoi vous avez besoin de ces informations et comment vous pouvez créer une valeur ajoutée une fois que vous les avez collectées.

Pour clarifier les choses, nous allons aller au fond du premier argument « le plus faible » en tirant quelques fois sur le « pourquoi » en retour :

  1. Pourquoi voulez-vous pouvoir voir à tout moment où se trouve chaque commande ?
    Les clients appellent souvent et veulent savoir rapidement quand ils peuvent attendre leur commande.
  2. Pourquoi les clients nous appellent-ils si souvent ?
    Nos livraisons sont régulièrement en retard et les clients sont irrités lorsqu’ils le peuvent et veulent savoir immédiatement ce qui se passe.
  3. Pourquoi vos livraisons sont-elles si souvent en retard ?
    Les commandes restent très longtemps au bureau, ce qui fait que nous commençons la production trop tard.

 

Dans cet exemple, le besoin de plus de données est le résultat d’un autre problème. Il serait donc peut-être préférable de réduire le temps de passage au bureau plutôt que d’investir dans la lutte contre les symptômes.

Une objection similaire peut être faite à l’argument de la « visibilité de l’efficacité ». Ce n’est pas parce que l’on peut rendre les pertes visibles que l’on peut effectivement apporter des améliorations. Par exemple, de nombreuses entreprises ne savent que trop bien que leurs temps de changement d’équipement sont un facteur de perte important, mais seule une minorité prend des mesures appropriées. Pourtant, ce n’est généralement pas le manque de données qui les arrête. Pour s’améliorer, les entreprises ont surtout besoin des trois points suivants :

  • la bonne direction,
  • bonnes idées d’amélioration,
  • temps de s’améliorer.

 

(Si vous avez le temps, mais que vous manquez d’idées : appelez-nous !)

Cela explique pourquoi une enquête menée par la société belge Sirris auprès des utilisateurs de Manufacturing Execution Systems (MES) a révélé que certaines entreprises en tiraient une grande valeur ajoutée, tandis que d’autres ne voyaient absolument aucun progrès. Comme l’a fait remarquer avec déception un répondant : « La seule différence, c’est que nous avons maintenant un consultant informatique supplémentaire pour le MES ».

Analysez soigneusement avant d’investir à tort !

Analysez correctement vos problèmes, ne vous contentez pas de combattre les symptômes, mais assurez-vous de comprendre comment la numérisation peut avoir un impact réel. Collecter des données pour avoir plus de données ne suffit pas. La numérisation pour résoudre un problème de gestion n’aura que peu ou pas d’effets tangibles.

Certains systèmes numériques ont même un côté obscur. Ils permettent aux managers de se cacher derrière leurs ordinateurs et font d’eux des « gestionnaires Excel » bien éloignés de la réalité quotidienne du lieu de travail. Se fier aveuglément aux rapports sans aller voir les faits sur le terrain est un vieux mal. Taiichi Ohno, l’Einstein du monde de la production, avait déjà lancé une mise en garde à ce sujet : « Les données sont bien sûr importantes dans la production, mais j’attache la plus grande importance aux faits ».

Une numérisation réussie commence effectivement par la formulation d’objectifs clairs qui ont un impact significatif sur le résultat d’exploitation. Un véritable impact positif n’est possible que s’il est perceptible pour vos clients ou s’il améliore réellement le travail de vos collaborateurs.

Deux exemples de bons objectifs de numérisation :

  • « Nous voulons avoir un taux de réussite des offres de 50 % d’ici un an, en établissant une offre en une minute ».
  • « Nous voulons augmenter la productivité de l’assemblage de 10 % en six mois en éliminant le temps de recherche d’informations sur le lieu de travail. »

 

Le plus grand impact de la numérisation est atteint lorsque les clients remarquent la différence et vous récompensent par davantage de commandes. De cette manière, la numérisation dans la production peut être un véritable moteur pour la croissance de l’entreprise. Les processus opérationnels, tant dans le traitement des commandes que dans la production, ne peuvent avoir un impact que sur un nombre limité de gagnants de commandes.

Les commandes sont généralement gagnées sur la base du prix et du délai de livraison. La qualité n’entre pas en ligne de compte, car elle est supposée et constitue donc davantage un critère de disqualification en cas de qualité insuffisante qu’un critère de gain. Adapter les prix pour améliorer le résultat d’exploitation est plus facile à dire qu’à faire. En effet, l’impact sur les ventes est incertain et la marge de manœuvre pour ajuster les prix est souvent limitée.

Le plus grand levier qui reste est donc le délai de livraison. Réduire le délai de livraison fait généralement une grande différence, car les clients le perçoivent à différents niveaux. Une entreprise avec des délais courts ne livrera pas seulement plus rapidement, mais réagira aussi généralement plus vite aux demandes d’offre et mettra en œuvre les demandes de modification. Dans les prochains volets de cette série d’articles, nous aborderons plus en détail la manière dont la numérisation peut contribuer à réduire les délais d’exécution.

Lean Management et Quick Response Management pour réduire le temps de passage et le délai de livraison

La réduction des délais de traitement et de livraison permet ainsi à l’entreprise de se développer et de réduire de nombreux coûts indirects. Le lean management permet d’atteindre cet objectif pour les entreprises qui fabriquent des produits en série. La stratégie QRM (Quick Response Management) permet d’atteindre cet objectif, en particulier pour les entreprises qui évoluent dans un environnement caractérisé par un mix élevé et un faible nombre de pièces.

Vous voulez en savoir plus sur le lean management et QRM ? Contactez-nous !

Source : Pascal Pollet, Sirris ; révisé par : David Moser, Wertfabrik SA